Traductions en cours

Paris, Archives Nationales - Hôtel Rohan

Décors de la Chancellerie d’Orléans

XVIIIème siècle


La Chancellerie d’Orléans, également connue sous le nom d’Hôtel de Voyer d’Argenson, était un célèbre hôtel particulier construit à Paris au début du XVIIIe siècle et situé au 19 rue des Bons Enfants. Le bâtiment, dont l’un des plafonds est peint par Antoine Coypel, a été conçu par Germain Boffrand vers 1704. Il a d’abord appartenu à la branche orléanaise de la famille royale française, avant d’être cédé à la famille d’Argenson, qui l’a considérablement rénové entre 1763 et 1773. Charles de Wailly, l’architecte responsable de cette redécoration, a mis en œuvre un programme esthétique typique de l’époque, intégrant les œuvres d’artistes contemporains tels que Pajou, Fragonard, Gouthière, Durameau et Lagrenée.

Au début du XXe siècle, le bâtiment a été acheté par la Banque de France, qui a obtenu l’autorisation de le démanteler afin d’agrandir le siège de la banque. Bien qu’il ait été convenu que les intérieurs seraient reconstruits dans un autre lieu, l’impressionnant décor – qui comprend des plafonds peints, des sculptures, des boiseries ornementales, des colonnes de marbre et des cheminées – est resté entreposé pendant des décennies.

La Chancellerie d’Orléans se composait de cinq pièces, dont quatre présentant un plafond peint :

– Le grand salon, contenant le plafond peint par Antoine Coypel, le seul conservé de la période Boffrand, représentant « l’amour désarmant les dieux »

– La salle à manger, décorée d’une toile de Jean-Jacques Lagrenée intitulée « Hébé versant le nectar à Jupiter »

– La chambre à coucher de Madame, avec une toile de Jacques-Louis Durameau, représentant « Le réveil de l’Aurore »

– 1ère antichambre, décorée d’une toile peinte par Gabriel Briard, « Les douze travaux d’Hercule »

À partir de 2000, le World Monuments Fund s’est lancé dans l’identification et le catalogage des vestiges de la Chancellerie d’Orléans et a aidé le gouvernement français à trouver un site permanent pour sa reconstruction. L’intérêt du public pour le monument s’est amplifié avec l’achèvement d’un modèle tridimensionnel du site en 2004, et les plans pour le réassemblage des intérieurs se sont concrétisés en 2005 lorsque l’ancien Hôtel de Rohan (dans le Marais, Paris, à l’intérieur de l’enceinte des Archives nationales de France), construit à la même époque que la Chancellerie d’Orléans et comprenant des pièces de proportions similaires, a été considéré comme un endroit approprié pour l’installation.

La restauration des plafonds s’est faite en plusieurs étapes. Leurs surfaces étaient souillées par quelques saletés incrustées altérant l’appréciation esthétique des peintures. Plus important encore, le vernis superficiel (appliqué lors d’une précédente intervention de restauration), probablement à base de gomme-laque, présente une forte couleur rougeâtre en raison d’un degré élevé d’oxydation. Les pertes de transparence associées à des tonalités plus foncées de la résine modifiaient le chromatisme de la peinture et l’expression des volumes.

Un premier nettoyage a permis d’enlever la saleté et la poussière ainsi que les couches de vernis altérées. Les décollements ont été traités localement afin de rétablir l’adhérence entre la couche picturale et le support. Les fissures et les lacunes ont été comblées avec un mastic vinylique permettant un rendu proche de celui du revêtement d’origine. Pour protéger l’œuvre et saturer les couleurs, un vernis de première intervention a été appliqué. Une réintégration de type illusionniste a été choisie pour obtenir un rendu le plus proche possible de l’original. Enfin une dernière protection a été appliquée pour homogénéiser l’ensemble et protéger les couches colorées ainsi que les réintégrations.

La restauration et le remontage des intérieurs de la Chancellerie d’Orléans sont essentiels à la reconnaissance et à l’appréciation de ce monument historique. Ce remontage est aujourd’hui une réalité. Minutieusement restaurés au long d’un chantier de huit années, les décors ont trouvé leur place au rez-de-chaussée de l’hôtel de Rohan, dans le magnifique quadrilatère des Archives Nationales, et sont désormais visibles par tous.


Durée des travaux : 
Montant du marché : 
MaÎtrise d’ouvrage : World Monuments Fund, Europe – Banque de France
MaÎtrise d’œuvre : World Monuments Fund, Europe – Banque de France