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Paris, Musée du Louvre

Filippino LIPPI, Alonso BERRUGUETE, Maître DE SERUMIDO - Couronnement de la Vierge

Début XVIème siècle, Huile sur bois, 191 cm x 155,5 cm


Cette œuvre a initialement été commandée à Filippino Lippi (1457-1504) pour le grand autel de San Girolamo alla Costa, église d’un couvent de franciscaines.

Selon les écrits de Vasari, à la mort de Filippino Lippi, l’œuvre était encore inachevée. Sa réalisation aurait donc été poursuivie par un peintre espagnol présent à Florence : Alonso Berruguete (1480-1561) jusqu’en 1517, lorsqu’il est rappelé par la cour d’Espagne. A cette date, l’œuvre n’étant pas encore achevée, une troisième main la reprit pour l’emmener à son état final : il semblerait que cette dernière soit attribuée au Maître de Serumido (vers 1505 – 1540).

Le dessin sous-jacent de Lippi est clairement visible sur les clichés en réflectographie infrarouge. Ce dessin préparatoire semble avoir été exécuté à la main libre, vraisemblablement à la pointe sèche ou au fusain. On le relève sur les visages de la Vierge et de Dieu le Père, les personnages les plus finement élaborés par Filippino, dans les vêtements, les mains et les deux couronnes. Il semblerait que ces deux personnages aient fait l’objet d’une première ébauche précédant la mise en place du ciel et des anges latéraux. A dextre et senestre, on relève également deux anges à genoux de la main de Filipino.

Les nombreux repentirs témoignent de la technique de Lippi qui continue de modifier et d’affiner sa composition, même après le début de la réalisation de ses couches colorées.

En 1504, à la mort de Filippino Lippi, les visages de Saint Bonaventure et de Saint Louis ne sont en rien initiés. Une nécessaire reprise va donc être réalisée par Alonso Berruguete.

Ce dernier choisit de recouvrir l’ensemble de la partie du ciel au registre supérieur, en détourant les personnages centraux avec une nouvelle préparation huileuse composée de blanc de plomb, clairement visible sur les clichés radiographiques.

Sur cette couche de préparation vierge, Alonso Berruguete dessine une composition nouvelle sans vraiment prendre en considération la composition initiale de Filippino. Son dessin semble avoir été exécuté à la mine graphite à partir d’un carton. En effet, les interruptions dans le trait et sans aucune reprise indiquent un dessin de report, clairement visible sur les clichés infrarouges.

Ce peintre espagnol diffère dans sa technique picturale de Filippino Lippi par l’utilisation d’une matière lisse et peu épaisse. Elle apparait presque transparente sous réflectographie infrarouge en comparaison avec la matière de Lippi.

Peu de choses sont aujourd’hui connues au sujet de la troisième main, qui semble être attribuée au Maître de Serumido.

Il semble avoir exécuté les trois visages réfléchissant une tonalité verdâtre sous réflectographie infrarouge fausse couleurs, à savoir : la Vierge et les deux saints de senestre (Saint Bonaventure et Saint Louis). Des analyses par prélèvements ont permis de mettre en évidence une technique utilisant le verdaccio. La stratigraphie sur les prélèvements effectués est la suivante : une première couche verte est modelée du plus sombre au plus clair, la carnation est ensuite appliquée (elle apparaît rosâtre sur les stratigraphies).

Des modifications sont aussi à relever sur la Vierge Marie : on note la présence de la bande horizontale au niveau de la poitrine et un second détail ajouté sur l’épaule droite.

Après l’étude des couches peintes de ce maître-autel, des doutes persistent encore sur l’identification de certains éléments et de certaines reprises postérieures à Lippi ou à son atelier.


Montant du marché : 54 080 € HT 
MaÎtrise d’ouvrage : Musée du Louvre
MaÎtrise d’œuvre : Département des peintures