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Cathédrale de Sens

Anonyme / École Française du XVIIème siècle - Portrait du Cardinal Du Perron

XVIIème siècle , Huile sur toile , 163 cm x 130 cm


Cette œuvre représente le portrait du Cardinal Jacques Davy du Perron, écrivant à sa table de travail, entouré d’ouvrages et de riches tentures. Il est coiffé de sa barrette cardinalice, de la croix pectorale de l’ordre du Saint Esprit et d’un riche manteau de pourpre à la doublure de fourrure blanche. Dans l’angle inférieur dextre, se situe une inscription relative au portrait : « [JA]CQUES DAVY CARDINAL DU PERRON / ARCHEVEQUE DE SENS / [G]RAND AUMONIER DE FRANCE »

Le revers de l’œuvre présentait de nombreuses coulures témoignant d’une conservation dans un lieu exposé à l’humidité et aux infiltrations. Des tâches noires et des auréoles ont suggéré un développement de moisissures et/ou de champignons sur la toile et le châssis. La couche colorée présentait elle aussi un encrassement et des dépôts divers qui conféraient à l’œuvre un aspect grisâtre et inégal.

Plusieurs réseaux de craquelures étaient également présents sur la surface de l’œuvre.

Les photographies sous ultraviolets ont suggéré la présence de plusieurs couches de vernis, anciennes et irrégulières, ainsi qu’une résine naturelle de type Dammar ou Mastic qui s’est manifestée par une fluorescence verdâtre. L’oxydation de ces résines et vernis ont provoqué le jaunissement, l’opacification et la perte de contrastes entre les différentes plages de couleur.

Plusieurs repeints, situés à différents endroits au sein de la stratigraphie, venaient masquer d’anciennes lacunes. Généralement débordants, discordants, mats ou trop brillants, ces repeints ont réellement altéré l’esthétique et la lisibilité de l’œuvre.

Pour des raisons esthétiques et de conservation, l’œuvre a été déposée de son châssis afin de le remplacer. La couche picturale, quant à elle, a bénéficié d’une intervention de dérestauration afin de libérer, au maximum, la surface des interventions intrusives précédentes.

Dans un premier temps, des tests de solubilité ont été menés afin d’apprécier l’efficacité du nettoyage et la régularité de l’amincissement du vernis. Des tests de dégagement des repeints ont été effectués parallèlement à l’amincissement et dans les mêmes zones de surface. L’objectif de ces tests était de vérifier la solubilité des réintégrations anciennes et la faisabilité d’un allègement satisfaisant et régulier, y compris dans les zones de repeints. Les solvants les plus volatils et les moins polaires ont été sélectionnés. Il a été choisi de tester des gels de solvants afin d’éviter une pénétration du solvant dans la couche picturale originale tout en permettant la suppression de tous les éléments ajoutés (vernis, repeints débordants et mastics débordants). Le gel a présenté plusieurs avantages : une action contrôlée et plus efficace, une pénétration limitée dans la couche picturale ainsi qu’une moindre action mécanique sur la couche picturale.

Plusieurs étapes de nettoyage ont ensuite été nécessaires avant aboutir à un niveau satisfaisant. D’abord, l’amincissement du vernis a été effectué sur l’ensemble de la surface avec un gel de solvants contenant de l’Alcool Benzylique (pH légèrement basique). Il a été appliqué au pinceau et rincé avec le mélange Ligroïne 90% Ethanol 10% (LE1). Le gel a également permis d’éliminer la majorité des repeints solidaires aux strates de vernis. Le retrait des mastics anciens débordants et en surépaisseur a été effectué mécaniquement au scalpel.

Le nettoyage a ainsi révélé des couleurs plus fraîches, tout en rendant leur lisibilité aux différents détails de la composition qui étaient assourdis par le jaunissement.

Les lacunes ont été comblées avec un matériau de bouchage vinylique blanc Modostuc®. L’opération a ainsi permis d’obtenir une surface homogène et plane et, après ragréage, la surface du mastic a été travaillée afin d’obtenir un léger relief imitant la texture du support original.

Suite à ces interventions, un premier vernissage a été réalisé avant la réintégration avec la résine Dammar à 33%, choisie pour une saturation correcte de la surface. L’intégrité visuelle de l’œuvre a été restituée en retouchant les zones préalablement mastiquées de façon illusionniste. Les usures de la couche pictural ont été atténuées grâce à un repiquage très précis dans ces zones.

Enfin, une protection finale a été appliquée par vaporisation. Un vernis Dammar dilué dans le White Spirit à 70%/30% a été choisi afin d’obtenir un degré de brillance cohérent avec les techniques d’exécution des tableaux de l’époque. Ce dernier vernissage a permis d’homogénéiser l’ensemble et de protéger la couche colorée.


Durée des travaux : 8 mois
Montant du marché : 18 930 € HT
Maîtrise d’ouvrage : DRAC Bourgogne-Franche-Comté
Maîtrise d’œuvre : Michaël Vottero